Armand Okol : ‘’ Gervais Mendo Zé était une pure fabrication du monstre froid de ce qu’est en réalité le régime actuel ‘’

L’ancien directeur de la CRTV, le professeur Gervais Mendo Ze, est mort le 9 avril dernier, des suites d’une longue maladie.
Dans une longue tribune ouverte, le journaliste et actuel responsable de communication du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (Pcrn) il fait une analyse objective les circonstances du trépas du grand cacique d’Etoudi déchu.
Lecture.

 


Qu’on se le dise clairement, il est difficile d’établir que le Pr. Gervais MENDO ZE désormais de regretté mémoire était exempt de tout reproche. Il n’était certainement pas un saint, mais alors pas ce monstre pour mériter cette mort atroce et à petit feu, au vu et au su de tous. C’était un personnage atypique, voire énigmatique et même sympathique à souhait.

Lorsqu’on convoque son parcours assez particulièrement singulier, on aboutit à la conclusion que c’était une pure fabrication du monstre froid de ce qu’est en réalité le régime actuel. L’homme a bénéficié de tous les passes droits à la tête de la Crtv connus de notoriété publique, particulièrement de ceux qui lui ont confié les rênes de cette entreprise dont l’efficacité reste plus que jamais questionnable. Son magistère à la tête de la structure ne saurait passer inaperçu quand on sait qu’il y a passé environ 15 ans comme Directeur Général, soit en marge des dispositions en vigueur qui plafonnent à 9 ans maximum le bail à la tête d’une entreprise publique (3 ans renouvelable 2 fois tout au plus).

Une longévité qui avait fini par donner au manager le sentiment qu’il en était devenu le véritable propriétaire. Normal donc que son côté altruiste avait fini par se passer de tout commentaire. L’on se souviendra en effet qu’au quotidien, il recevait à son domicile de dizaines de nécessiteux de divers bords sociaux à qui il distribuait comme ces philanthropes des temps modernes des liasses de billets de banque. Normal que le capital sympathie auprès de l’opinion n’ai pas subi beaucoup de secousses malgré ces nombreuses années sous les barreaux.

Mais là où le bas blesse, c’est la facilité avec laquelle les créateurs de cette créature ont déclenché contre sa personne le rouleau compresseur qui l’aura finalement emporté ad padres. Eh oui, il est incompréhensible que ce type autrefois adulé et choyé ait du jour au lendemain perdu cette exceptionnelle confiance de ses patrons pour devenir l’élément dangereux à abattre sans scrupule aucun. Surtout que sa nomination comme ministre délégué au ministère de la communication (c’est-à-dire tutelle hiérarchique de l’entreprise qu’il a dirigé auparavant) sonnait comme une gratification, mieux une récompense pour bons et loyaux services rendus.

Curieuse alors fût son interpellation 3 ans à peu près après cette promotion au gouvernement. C’est alors que démarra son interminable descente aux enfers. Théatralisation de sa mise aux arrêts, procédure judiciaire alambiquée, concours de patience dans un tourbillon de renvois interminables des audiences au tribunal, jusqu’à son décès dans un misérabilisme abject.L

 De quoi se demander la logique qui explique que Gervais MENDO ZE présenté comme un « voleur » patenté au mépris du principe sacré de la présomption d’innocence soit mort sans qu’on ait été capable de justifier son véritable délit, preuve s’il en était encore besoin que la procédure dès le départ était totalement bâclée. En tout état de cause, on peut penser qu’il faut aller chercher ailleurs les raisons véritables de sa déchéance fatale.

Le cas en tous cas laisse songeur. Plusieurs grilles de lecture se dessinent alors.

Primo, la durée de l’instruction laisse penser que ce n’était pas uniquement une procédure juridico-judiciaire sinon il y’a fort longtemps que l’ancien DG aurait connu soit sa condamnation définitive ou alors et peut-être par extraordinaire sa libération pure et simple pour faits non établis dans ce cas là.

Secundo, en laissant mourir ce « frère » du « pays organisateur », il y’a de manière à peine voilée un message clair à faire passer à tous les acteurs de différents corps sociaux de la République, à savoir l’extrême fragilité du pouvoir. Hier rodéo, aujourd’hui zoro, demain zéro. D’ailleurs dans cette conception plus proche que nature des différents cycles de la vie, la Crtv est passée maître dans la démonstration.

En effet, c’est dans cette entreprise que MENDO ZE était tout puissant autrefois, c’est elle qui lui a royalement tourné le dos dès son emprisonnement, et c’est toujours cette même Crtv qui hier dès l’annonce de son décès s’est investie dans l’exercice le plus insipide du métier de journalisme dans un nauséeux et nauséabond hommage au défunt où l’hypocrisie et la mauvaise foi manifeste se disputaient la vedette. Véritable mise en scène de charognards.

Tertio, le peuple est celui qui une fois de plus, une fois de trop a été floué dans ce bal masqué de guéguerres et guerres de tranchées où les faucons s’épient, se surveillent et se massacrent sans vergogne. Aujourd’hui en effet, la seule trace visible de précarisation pompeusement annoncée à grand renfort de publicité de cet autre cas patant c’est ce mort d’une inutilité abyssale, sans le moindre centime récupéré.

L’opération épervier se meurt. Le vrai procès qu’il convient de faire c’est celui du régime moribond de Yaoundé. Faîtes entrer l’accusé !

Armand OKOL, je signe et j’assume.