Coup de tonnerre ! Procès Chebeya : ‘’ Le général Numbi avait donné l'ordre de me tuer le jour du double assassinat ‘’ Paul Mwilambwe
Témoin clé de l’assassinat de l’activiste Floribert
Chebaya, Paul Mwilambwe avait trouvé refuge en Belgique depuis plus d’une
décennie. Il est aujourd’hui de retour à Kinshasa, pour ‘’ rétablir la vérité ‘’
selon ses dires. Face au juge ce jeudi 9 décembre 2021, il a fait des
révélations troublantes sur les réelles circonstances du double homicide.
La comparution de
Paul Mwilambwe, un agent de l'Inspection générale de la police nationale
congolaise (PNC) chargé de la sécurité des visiteurs de l'inspection générale
du PNC au moment des faits, a donné un nouveau coup de fouet au procès Chebeya.
Raison pour laquelle la Haute cour a décidé de poursuivre l'instruction.
Après dix ans d'exil
passé entre la Zambie, la Tanzanie, le Sénégal et la Belgique, l'officier Paul
Mwilambwe a rapporté comment "son ami", le commandant du bataillon
Simba, Christian Ngoy Kenga Kenga avait refusé de le tuer malgré l'instruction
du général John Numbi. Selon lui Christian Ngoy Kenga Kenga, son ami de longue
date, lui avait dit que le général John Numbi n’était pas au courant de
sa présence à l'inspection Générale de la PNC le jour de l'assassinat de
Chebeya et Bazana, et qu’ainsi l’ordre avait été donné au commandant du
bataillon Simba de le tuer. C'est pourquoi Ngoyi lui avait proposé de fuir avec
lui à Lubumbashi pour échapper aux menaces du général Numbi.
"Christian Ngoy
me disait simplement: “on m'a confié un travail et ce travail va amener
très loin. Il me dit que le général John Numbi n'était pas au courant de ta
présence et que c’est moi qui lui ai appris de ta présence, il m'a donné
l'ordre de te tuer”. Le Général John Numbi m'avait promis après
l'exécution, [J'ai entendu dans le procès antérieur qu'on avait promis 40.000$
c'est peu!], on lui avait promis 500.000$, ça, c'est Christian Ngoy qui me le
dit, et il m’a dit en pleurant, “Au lieu même de me donner 500.000$, on
m'a donné 10.000$”, j’ai vu Christian en train de pleurer. Si
Christian avait accepté de me tuer, il n'allait pas me le dire. Il m'a dit que
moi je ne peux pas tuer. Il m'a dit : “Je ne peux pas mettre ta vie en
danger, moi je te propose que nous puissions partir ensemble, le général John
Numbi m'a déjà donné l'ordre de te tuer et j'ai refusé. Tu es un ami de longue
date”", a déposé devant la Haute Cour, Paul Mwilambwe
Le Conseil national
de sécurité (CNS), sous la supervision de Pierre Lumbi, alors conseiller
spécial en matière de sécurité de Joseph Kabila, avait invité Mwilambwe,
toujours selon le témoignage de ce dernier.
"Après l'assassinat
de Chebeya, toute la presse en parle. Le général John Numbi faisait la navette
entre chez lui et le chez le Président |[Kabila]. C'est là où il a eu
l'information que Mwilambwe sera convoqué au CNS. Le président Kabila avait
demandé à Monsieur Pierre Lumbi de convoquer Paul Mwilambwe. Pendant que le
Président Kabila a donné l'ordre, il y a quelqu'un de l'entourage du général
John Numbi qui a informé ce dernier: “Fais attention, Mwilambwe sera
convoqué à l'ANR”. Effectivement si je ne me trompe pas, c'était le 10 juin
à 22 h. Je reçois l'appel du sous-lieutenant Kongolo qui était le chef de
sécurité du général John Numbi, il m’a dit “Le général a besoin de
vous”. Arrivé au Rond-point Mandela, c'est le général lui-même qui
appelle mais avec un autre numéro. Je lui dis: “Mon général, je suis
presque tout prêt de chez vous”. Il me dit: “ce n'est pas grave”.
Il me pose la question: “est-ce que vous avez reçu l'appel du cabinet
Conseiller Spécial du chef de l'Etat en matière de sécurité ?”. Je
dis: “Non mais plutôt je viens de recevoir l'appel du Major Mukinzi”.
En ce moment là, il était le secrétaire particulier du général Unyone qui était
le chef du colonel Mukalay. C'est Mukinzi qui m'a appelé pour me dire : “On
a besoin de toi demain à 6h00 au CNS”, ma réponse c'était catégorique
: “Je ne viens pas. Moi je ne travaille pas là-bas, je suis un officier
de la police. Si le CNS a besoin de moi, on va faire une invitation ou une
convocation”", a relaté devant la Haute cour, Paul Mwilambwe.
La comparution de
Paul Mwilambwe est soutenue notamment par l’ONG La Voix des sans Voix (VSV) que
dirigeait le feu Floribert Chebeya.
L'affaire est
renvoyée pour le Vendredi 10 décembre prochain pour confrontation des
différents renseignants et prévenus sur l'affaire.
Floribert Chebeya
avait été convoqué le 1er juin 2010 à l'Inspection générale de la police à
Kinshasa pour rencontrer son responsable, le Général John Numbi, selon
plusieurs témoignages. Son corps avait été retrouvé le lendemain dans sa
voiture, les poignets portant des traces de menottes à Mitendi, périphérie
ouest de Kinshasa. Celui de son chauffeur Fidèle Bazana n'a jamais été
retrouvé.