Affaire des enfants égorgés à Touba : Qui est Bara Touré, le père et présumé meurtrier des deux victimes ?
Le dénommé Bara
Touré, père des deux enfants retrouvés égorgés dans leur chambre à Touba, en
septembre dernier, a été cueilli par les forces de police le mardi 12 Mai 2020.
Face à cette interpellation qui a créé la stupéfaction et le choc de l'opinion publique, une question taraude tous les esprits : qu’est ce qui a bien
pu pousser ce père de famille à commettre une telle ignominie ?
Suite à la découverte macabre des deux corps des enfants Serigne
Mbacké Touré et Mame Daouda Touré, égorgés dans leur chambre le 27 Septembre
2019, le comportement désespéré de leur père avait suscité l’émoi de toute l’opinion
publique.
Ce dernier, avait tenté de se suicider en apprenant les
circonstances dans lesquelles ses enfants sont morts. Bara Touré déclarait par
ailleurs qu’il culpabilisait de n’avoir pas pu protéger ses enfants.
Pour le père '' si ce drame est arrivé, c’est un
peu de sa faute. Parce que, il avait quitté la maison pour se rendre à la
prière de l’aube et avait laissé ouverte la porte principale de la maison par
laquelle est probablement entré le meurtrier. ''
Après cet acte d’une rare violence, de grands moyens ont été
déployés pour mettre la main sur l’assassin.
Ainsi, au lendemain du drame, la Dic et les experts de la
police scientifique et technique avaient effectué des prélèvements buccaux sur
les personnes suspectes, relevé des empreintes digitales et mis sous scellé
l’arme du crime.
Ces pièces à conviction ont ensuite été envoyées pour analyse dans un
laboratoire qui se trouve à Bordeaux, en France.
Et coup de théâtre, lorsque les résultats sont tombés :
ce sont les empruntes et les traces ADN de Bara Touré, leur père, qui ont été
retrouvés sur l’arme du crime et les corps des victimes.
La Division des
investigations criminelle (Dic) a ainsi procédé à l’arrestation du mis en
cause, au domicile d’un de ses amis.
Qui se cache alors derrière le personnage de Bara Touré, un
père de famille capable de tuer ses enfants et de duper son monde pendant tout
ce temps ?
Voici le portrait du présumé assassin, et les raisons qui
auraient pu le conduire à commettre un tel acte :
‘’ Âgé entre 42 et 43 ans, rien chez Bara Touré ne pouvait
laisser présager la déchéance … cette tournure regrettable que risque de
prendre sa vie. Mareyeur de son état, époux de trois dames, dont l’une héritée
de son grand frère cruellement mort dans un accident, Bara Touré est aussi le
père des deux enfants égorgés le 27 septembre dernier à Touba.
Baye Daour Touré et Serigne Mbacké Madina étaient âgés
de 2 et de 7 ans. Cette enquête sur l’homme nous révèle la trajectoire d’un
« débrouillard » hors-pair qui est présentement entre les mains de la
Division des Investigations Criminelles qui le soupçonne de meurtre avec
préméditation.
Enfance tranquille à Touba
Originaire d’un village non loin de Touba, Pofdi en
l’occurrence, Bara Touré est fils d’un papa (Baye Daour Touré) profondément
spirituel qui l’a très tôt initié à l’apprentissage du Coran. Le fait qu’il
bégayait ne l’empêchait pas de réciter ses versets coraniques tous les soirs.
« Demandez-lui n’importe quel verset, il vous le
récitera sans hésiter. Je peux donner ma main à couper. Que les enquêteurs le
lui demandent, ils seront étonnés », souffle désespérément, un de ses
amis, les larmes aux yeux.
Autant dire qu’il a grandi dans un « Daara », la
maison familiale ayant accueilli des ndongos-daaras, même si ce fut en un
nombre limité. Bara, comme ses frères Youssou, Ndiaga, Ibou etc… n’a jamais
fréquenté l’école française.
De doker à mareyeur
À l’âge de 15 ans, l’aîné de la famille, Youssou, acheta une
maison entre Ndiéné et Khayra, dans la cité religieuse de Touba. La famille
migra. Il commençait à accompagner son frère au marché au poisson. Très petit
et très chétif (il l’est toujours d’ailleurs), Bara Touré devenait d’abord
portefaix. Malgré la maigreur de ses muscles, il devait assurer ce métier de
manutention pendant plusieurs années. De fil en aiguille, il tissa sa toile
dans le marché et entre les paniers de poisson il devint mareyeur. Très vite,
il se fit de l’argent et se lança dans le business. Loin de suivre la tendance
des jeunes de son âge, il se maria tôt avant de se lancer dans l’embouche
bovine de race. Sa vie se résumait finalement à deux activités : vendre du
poisson et élever ses bœufs de race.
C’est alors qu’il devait acheter un terrain non loin de
Darou Rahmane à une cinquantaine de mètres de Ndiaga, son frère de même mère et
de même père. Il épousa une deuxième femme et se consacrait tranquillement à
gérer sa petite famille. Mais subitement, devait commercer pour lui une
descente aux enfers. Les événements malheureux devaient se succéder.
Le décès de son frère et de sa première épouse
L’on dit souvent que perdre un être cher, c’est perdre la
moitié de sa vie. Bara Touré a connu une succession d’événements malheureux.
En effet, c’est d’abord Youssou Touré qui devait le quitter.
Ce dernier était parti à Dakar pour ne plus revenir. Il était allé acheter un
moteur pour son véhicule et sur le tronçon Dakar-Touba un violent accident est
survenu. » Je me rappelle que Bara était inconsolable. Il pleurait tout
le temps. Et jusqu’à aujourd’hui, il continue de pleurer ce frère qui a tout
fait pour lui et qui lui a surtout donné l’amour du travail « , nous
souffle encore son ami. Décidé à rendre la pièce de la monnaie à celui qui fut
pour lui un bienfaiteur, il s’engagea à hériter de son épouse afin de l’aider à
vivre décemment.
Non content de vivre ce cauchemar, Bara perdait sa première
épouse. Madame accouchait… « Depuis ce jour, il n’est plus le même. Bara a
changé. Non, il n’était pas devenu fou ou dépressif. Il était cependant devenu
évasif. Il n’était plus la même personne », répétera un de ses voisins.
La perte de l’essentiel de ses biens
Bara Touré n’était vraisemblablement plus la même personne.
Alors qu’il continuait tant que bien que de mal de se refaire une vie, le jeune
père de famille allait être confronté à des événements douloureux. D’abord ce
furent des braquages (deux au total) à l’occasion desquels plusieurs de ses
appareils électroniques étaient emportées. Ensuite ce fut autour de ces boeufs
de périr un par un.
Déboussolé, ses économies devaient atterrir entre les mains
des charlatans qui lui promettront monts et merveilles.
LES CHARLATANS… L’une de ses dernières véritables
fréquentations ! ''
A suivre ….