Décès du général Kahimbi : La peine capitale requise contre la veuve pour assassinat !
Le tribunal de grande instance de Kinshasa-Gombe est en
passe de rendre son verdict dans le procès des assassins présumés de l’ancien
chef des renseignements militaires, le général Delphin Kahimbi, retrouvé mort
le 28 février 2020. Sur le banc des accusés, sa veuve et sa belle-mère, toutes
deux inculpées pour homicide volontaire avec préméditation.
L’avocat général a fait son réquisitoire ce jeudi 27 mai
2021, dans le cadre du procès du meurtre du général Kahimbi.
Le ministère public a requis la peine capitale à l’encontre de l’épouse du feu
général Delphin Kahimbi, Madame Brenda Okale et sa maman.
Siégeant en audience foraine à la prison centrale de Makala,
le tribunal de Grande Instance de Kinshasa/Gombe les reproche d’avoir participé
à l’homicide du regretté Kahimbi Délphin.
Au cours de la plaidoirie le jeudi 27 mai du procès sur les circonstances de la mort du Général Delphin Kahimbi, le procureur a requis 20 ans, 15 ans et 10 ans de servitude pénale principale pour les complices.
Notons que la complexité de cette affaire, réside dans le
fait que plusieurs éléments permettent d’habitude aux experts de médecine
légale de différencier un meurtre d’un suicide. Mais dans l’affaire du décès du
général Delphin Kahimbi, ce qui ne facilite pas leur tâche, c’est que la scène
avait été polluée, le corps déplacé, la corde subtilisée. Pire encore, les deux
médecins légistes sont dans l’incapacité de fixer l’heure de la mort, « vu
le nombre de données manquantes » et notamment la température exacte du
corps du général à son arrivée à l’hôpital du Cinquantenaire. Mais ils avaient
demandé des analyses toxicologiques pour exclure toute « soumission chimique »,
c'est-à-dire que Delphin Kahimbi ait été dans l’incapacité de se défendre parce
qu’on lui aurait administré une substance à son insu. Là encore, malgré la
présence d’un psychotrope puissant dans son sang, les deux experts ne laissent
aucune ambiguïté. « Dans le cas présent, la présence de PCP (=
Phencyclidine) à une dose de 25,2 ng/ml, dépassant à peine la limite supérieure
de la normale oriente davantage vers une consommation régulière que vers une
soumission chimique », peut-on lire dans leur rapport.
Étrangement, malgré la participation d'un expert des Nations
unies à cette autopsie, ce premier rapport ne semble pas satisfaire le
ministère public. En tout cas, le 11 septembre 2020, le général de brigade Jean
Baselela Bin Mateto, va demander à un autre médecin, le docteur Paul Kabasele
Mputu « d’interpréter » le travail de ses deux confrères. Sans nouvel
examen du corps ou analyse, ce nouvel expert adopte un positionnement
diamétralement opposé à ses prédécesseurs et conclut à « une mort criminelle ».
« C’est une absurdité totale, c’est la science qu’on assassine »,
dénonce un membre de la première équipe de médecine légale. C’est pourtant sur
la base de ce deuxième rapport que Brenda Ngoy Okale risque d'être reconnue
coupable d’homicide volontaire avec préméditation. « Cette dame a fait trop
de déclarations contradictoires, ses accusations jettent le trouble dans les
rangs de l’armée, il n’est pas permis d’entretenir le doute », avait
justifié à RFI peu après son inculpation le général Tim Mukunto, auditeur
militaire général aujourd’hui décédé. Cette vision inquiète l’équipe de
médecine légale. « On voit toute sorte de réactions de déni chez les
familles de victimes », s’inquiète l’un des membres de l’équipe médico-légal
interrogés par RFI. « La dame peut refuser de le reconnaître parce que
c’est contraire à ses croyances ou même s’être convaincue que son mari n’a pas
pu se tuer ». Cet expert insiste sur l’importance d’en revenir aux preuves
matérielles. « Vous pouvez croire ou ne pas croire qu’il se soit
suicidé. Ce ne sont pas des considérations que nous, nous prenons en compte »,
renchérit-il encore. « Ce que je vous dis, moi, c’est qu’il n’était pas
intoxiqué et qu’il ne s’est pas défendu, c’est ce qui ressort du rapport. Ce
n’est pas à moi d'interpréter, mais à voir sa musculature, je doute que ça
puisse être quelqu’un qui se laisse tuer sans chercher à se défendre ».